• Je venais de me coucher, lorsque cette lumière entra brusquement dans ma chambre accompagnée d'un bruit sinistre.
    Au seuil de l'endormissement, je sursautais. Par les interstices de mes volets, j'apercevais une silhouette: D'un jaune brillant, elle semblait flotter à ma fenêtre.
    Je me frottais les yeux, pour faire disparaitre cette vision, mais le bruit, la lumière et la silhouette étaient toujours là!
    Mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine, et je sentais l’adrénaline pomper furieusement mon sang en à-coups presque douloureux. Le bruit aigu s'amplifia, tomba dans la stridence alors que la silhouette se déplaçait doucement. Ce vol quasi stationnaire me troubla et je manquais m'évanouir. Mon chien se mit à aboyer furieusement, les babines retroussées et les yeux aimantés sur la fenêtre.
    J'ai depuis mon enfance toujours espéré que nous ne soyons pas seuls dans ce si grand univers. Mais de là à les voir débarquer au beau milieu de la nuit!!!

    Que faire? S'enfuir? Mourir d'une crise cardiaque...? Les aborder mains levés, doigts écartés à la manière de Spock dans Star Trek?
    Sont-ils amicaux? Hostiles? Viennent-ils en observateur? En envahisseurs?
    Vont-ils m'enlever et pratiquer sur moi toutes sortes d'expériences?

    Malgré ma peur grandissante, il faut que je sache...

    Je fonce dans la cuisine et me saisis du plus gros couteau à viande que je puisse trouver -Protection bien dérisoire si ces extraterrestres sont armés de lasers ou autres armes inconnues de nous-

    j'avance prudemment vers la fenêtre, tourne l'espagnolette, le bruit s'amplifie et remplit la chambre de fracas métalliques. Je vois cette masse jaune qui descend d'une vingtaine de centimètres; toujours flottante, elle semble se balancer comme amortie par des ressorts. Je saisis mon courage à deux mains - rectification: à une main, l'autre étant armée de mon couteau de boucher- et d'un geste brusque j'ouvre les volets, espérant ainsi surprendre cette apparition:

    - Oh! Doucement, s'écrie l'employé de la voirie, on installe les illuminations de Noël, rangez ce couteau!


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    Journal de Louise

    Villefranche/mer - 17 mars 1951

    Mon beau matelot,

    Les gros nuages s'en vont et emportent avec eux ton beau visage qui me souriait la nuit dernière encore.
    J'imagine ce fier navire bravant les flots et, mon Johnny, cheveux au vent, dressé sur la proue défiant cette mer qui désormais nous sépare.
    Ma chambre hier remplie de ta voix, résonne à présent du silence de nos ébats.
    J'aurais aimé que cette panne dure plus longtemps; j'aurais aimé te rencontrer beaucoup plus tôt; plus tôt que ces trois derniers jours!
    J'écris cette lettre comme on jette une bouteille à la mer, car dans ta précipitation à regagner ton bord, tu ne m'a pas laissé d'adresse. J'attendrais ton retour à la base américaine avec impatience.

    Mais pourquoi, Diable! m'as-tu laissé cet argent?
    Prends soin de toi,

    Ta Louise qui t'aime.


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  • Les transports urbains sont l'occasion de multiples échanges muets. Ce sont d'abord des gens qui se reconnaissent pendant le trajet matinal; un petit sourire esquissé qui signifie: "Vous êtes là vous aussi".D'un œil complice, ils se souhaitent bonne chance pour la journée de travail qui s'annonce et se donnent sans mots dire rendez-vous le lendemain. A force d'habitude et après des semaines de chemins commun, il arrive qu'ils bredouillent un timide "bonjour". Mais jamais plus.

    Pour ma part, j'en étais au stade des premiers regards avec la femme qui s'asseyait chaque matin en face de moi.Ces petits regards furtifs qui dès qu'ils touchent les yeux de l'autre vont se perdre immédiatement dans la contemplation inutile d'un plafond inintéressant Je montais deux arrêts avant elle, et dans ce début d'itinéraire quotidien, le premier tram comptait peu de voyageurs. Le trajet durait trois quarts d'heure, nous laissant à la même station où sans perdre de temps j'empruntais un chemin différent du sien. pendant des mois, nous nous sommes retrouvés presque quotidiennement. Avec le temps nos regards devinrent plus appuyés, nos sourires moins timides. Un jour d'exceptionnelle abondance d'usagers, je la vis péniblement se frayer un chemin pour arriver jusqu'à moi, sa place habituelle étant occupée, je lui cédais mon siège. Elle me fit un signe de tête, auquel je répondis par un je vous en prie bredouillant; je restais debout près d'elle, un peu en retrait, mon regard en plongée sur sa chevelure brune. Quelques soubresauts de la rame nous firent nous toucher. Désormais, chaque jour nous cherchions un moyen silencieux de nous approcher, de nous frôler;elle enjambait le porte-serviette que je prenais soin de placer sur sa route ou contournait la poussette qu'une maman avait laissé en plein milieu Un jour, elle ne vint pas, et resta absente une semaine entière. Tout d'abord étonné, je fus vaguement inquiet de ne plus la voir. La semaine suivante, je la voyais monter, et j'en fus soulagé; ce jour-là en silence mes yeux lui demandèrent si elle allait bien, tandis que les siens me firent comprendre que oui, elle se portait mieux.Rassuré, nous reprîmes notre jeu silencieux. Puis les congés arrivèrent et ce ne fut que trois semaines plus tard que je la vis remonter dans la rame. Je regardais son bronzage en la questionnant de mes silences et elle me répondait par ses regards muets.

    Un matin, elle arriva avec un épais dossier qu'elle commença à compulser à peine assise. Je comprenais l'importance que devait avoir ce travail et ne voulais pas la déranger même si j'étais un peu vexé qu'elle ne m'accorde pas juste un coup d’œil. Elle a du sentir que je la fixais, car elle leva les yeux soudainement et les planta dans les miens avant de replonger dans ses papiers, me signifiant ainsi qu'elle avait noté ma présence et que ce n'était pas le moment de la déranger par de futiles œillades. Je rongeais mon frein en silence. Le lendemain, alors qu'elle prenait place, je concentrais mon attention sur la circulation alentour, je perçu l'humidité de son regard et ses reproches muets m'assaillirent. Comment pouvais-je être aussi méchant? semblait-elle me crier. elle avait un important dossier en retard et n'avait pu m'accorder l'attention nécessaire à nos échanges quotidiens. Notre terminus approchait, et je ne démordais pas de mon indifférence à son égard. Lorsque la rame s'arrêta, je me levais le premier et accrochais ses yeux qui cherchaient les miens; elle sourit, je fis de même. Sa main toucha la mienne alors que je récupérais mon attaché-case; elle m'avait pardonné.

    Ce soir-là, je cherchais un moyen d'entamer une conversation qui soit digne de nos échanges muets. Un simple bonjour aurait été comme un coup de fouet sur une peau fragile. je tournais et retournais la question sans trouver de réponse qui soit satisfaisante et j'en arrivais à la conclusion que peut-être nous étions allés trop loin dans nos silences Au Diable! Pensais-je, d'une manière ou d'une autre il fallait que je l'aborde.

    C'est accompagnée d'une amie qu'elle prit le tram, ce matin ou j'avais décidé de lui parler. En silence elles s'assirent côte-à-côte. Elle croisa mon regard, s'assurant ainsi que j'avais toute son attention. Des minutes défilèrent les yeux dans les yeux, regard contre regard. Soudainement, le fil se rompit, elle tapota l'épaule de son amie qui se retourna vers elle. Elle leva les mains et dans une danse extraordinaire les fit se mouvoir dans l'air; elle déployait ses doigts, les refermaient, pointait un index sur son amie puis le retournait sur elle; le plat de sa main gauche vint frapper son poing droit fermé; elle porta sa main au menton et à son front, puis tout cessa. Alors son amie levant les mains à son tour, entama un ballet similaire mais en parlant, cette fois:
    - Je le sais bien que tu t'appelles Roxanne et que tu es célibataire, tu es devenue folle ou quoi?
    Son regard revint vers moi "Alors tu as compris?" me dirent ses yeux.
    Elle reprit la conversation avec son amie qui lui répondit étonnée.
    - Comment-ça tu ne sais pas si tu as bien mis ton téléphone sur vibreur, ben t'as qu'à prendre le mien et t'envoyer un SMS.... Tu ne te souviens plus de ton numéro, c'est le 06.330.071. Mais qu'est-ce qui t’arrive ce matin? Et puis je ne comprend pas pourquoi tu m'a demandé de t'accompagner au travail!
    Son regard recroisa mes yeux. Oui, moi j'avais compris.

    Chaque matin, nous montons ensemble à la même station. Roxanne s'assied en face de moi et pendant trois quart d'heure ses yeux me disent je t'aime. Nous descendons à la même station où j'emprunte un chemin différent du sien. J'apprends la langue des signes. Le reste n'est qu'une histoire de textos.


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  • Je ne m'étais pas vraiment aperçu du changement. Il faut dire que c'est tous les jours que je passe devant eux. La force de l'habitude, en somme.
    Mais pas plus tard que tout à l'heure, quelque chose à fait "tilt"; en contemplant le mur face à moi, je m'aperçois qu'un rectangle d'à peu près 30 centimètres de haut sur 50 de large est plus clair que le reste du pan!
    Après un instant de doute, je comprend que la reproduction d'un tableau de Dali est absente du mur... Stupeurs, incrédulité; aurait-on pénétré chez moi pour me subtiliser une reproduction à deux balles?
    Alors que je suis dans les affres du questionnement - je veux dire, ça nous arrive à tous de perdre les clefs et de se dire "Mais où j'ai bien pu les foutres?". Essayez avec un tableau et vous comprendrez- je m'aperçois que les murs de mon salon sont pleins de ces espaces vides: Où est mon bouddha façon Warhol? et ma copie du Centaure de César? un bruit me fait me retourner:
    C'est mon faux Picasso qui se fait la malle!!!
    - Mais qu'est-ce que ça veut dire? M'écriai-je, hésitant encore entre étonnement et indignation.
    Et que pensez-vous qu'il allait se passer? et bien je vous le donne en mille!
    le Picasso... il m'a répondu! Avec sa voix de Picasso de bazar à 2 euros!
    - On a décidé de partir, tu ne nous regarde plus.
    - Je ne vous reg...
    - Non, tu ne nous aime plus, souffla une voix de basse
    Je tournais la tête, et je vis mon centaure sortir de sous le canapé
    - Et puis tu as d'autres occupations maintenant...
    - Mais je... je ne... Enfin! C'est pas sérieux... C'est une B...Bl...Blague?
    - Non ce n'est pas une plaisanterrrrie, s'écria mon Dali en sortant du tiroir du bureau, Et dans la conjoncturrrrre économico-socialo dépendante de la Strrrructurrrre de base du Bozon de X, Je déclarrrrre qu'il faut Que tu change ton attitude enverrrrrs nous!
    - Bien! déclarai-je conciliant, que me reprochez-vous?
    - Ce qu'on te reproche, dit la voix de bazar, c'est que pendant que l'on orne tes murs, toi tu écris des poèmes à la gloire de Matisse et de Munch... ce qu'on te reproche, c'est ton ode à Jerôme Bosch...
    - De plus, monsieur parrrrtage ses écrrrits sur un forrrrum
    - c'est fini on s'en va! coupa le centaure
    Je n'ai pas eu mon mot à dire, rien pour ma défense, ils m'ont planté là y'a vingt minutes... et bien je vais vous dire: c'est la première fois qu'on me plante le décor!!!

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  • Aujourd’hui c’est à toi aux champs que je m’adresse, à toi aussi au carrefour de ta vie ; A vous, que vous soyez rentrés du casino lessivés ; A cheval sur un mammouth ou sur un char Leclerc. En toute saison de l’été au printemps, que vous soyez seuls à minuit où huit à huit heure, en train de nettoyer la redoute du château où perché sur votre voiture pour installer une galerie : Lafayette, me voici ! Je suis votre sparing partner, coopérons voulez-vous ?
    Je n’ai jamais compris mon beau-frère, alcoolique de profession et poissonnier de son état, capable de faire mille kilomètre pour se rendre au stade de France applaudir l’équipe féminine du Brésil (le fameux football sans bas !) et chanter l’hymne national ; lui qui est incapable de distinguer un bar phocéen d’un rouget de Lille ! Oh bien sûr il n’en sera que plus fier d’arborer son bob aux couleurs criardes en posant d’une main ferme quelques loups égarés aux yeux glacés d’effroi sur le résumé laxatif qu’en aura fait l’Equipe. A propos de journal (puisqu’il me tend la perche).
    Que des bonnes nouvelles, le temps d’une chronique, les chiens ont arrêtés de se faire écraser ; les bandits de tout poil font la gréve du zèle (bonsoir madame, vous savez c’est dangereux de se promener seule la nuit, vous avez de la chance nous sommes en grève : vous pouvez partir…Mais qu’on ne vous y reprenne plus). Les escrocs n’en croquent plus, les sénateurs sont dans le train et sur la bonne voie, les ministres administrent, les chiens aboient et la caravane…est tranquillement installée au milieu du jardin. Les époux Talus-Cromet de Cadillac en Gironde sont heureux d’accueillir leurs nouveaux nés, des quadruplés ! Ils auront pour prénoms : Jean, Jean, Jean et Jean…. Avouez que quatre Jean Talus-Cromet pour Cadillac c’est la classe ! Refaisons l’Histoire : Le celèbre coureur cycliste Charlie Gol et son acte manqué- pensez donc , une gaule de plus et j’aurais eu un tout autre destin. Fini le Tour de France, à moi le retour en France triomphal !- je l’ai bien compris disait son amie enceinte, Thérèse Délicieux.
    Hélas,tout ceci n’est que rêve, et la rubrique des chiens écrasés est bien réelle et plus pleine que jamais : Un aveugle a été arrêté pour avoir volé du foie gras ! l’accusation argue du fait que s’il avait faim un pot de rillettes aurait suffit ! Un aveugle ! Mais la défense dans un sursaut de courage à réussi a faire relaxer son client : eh oui ! Né cécité fait l’oie !!!


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