Photo Saoirse:Collection Personnelle

Je t’écoutes vois-tu me faire la leçon
Toi sur un sol nu et moi sur le futon
Nous sommes tous les deux prisonniers de nos mots
Je suis un canidé et toi du genre poulbot

Conversation autiste quand nos yeux se répondent
La noblesse des idées quand les vies se confondent
Ma vitesse de l’éclair posée sur canapé
Dévoile ta vitesse de l’obscurité.

Tout passe par le regard dans ce secret échange
Et quand tombe le soir alors que passe un Ange
Le doigt pointe la lune mais moi je vois le doigt

Adieu moment capté par le flux numérique
Je retourne à la niche et toi enfant mutique
Te perds dans un méandre que l’on ne comprend pas.

*«  La vitesse de l’obscurité  (The Speed Of Dark) » est un roman de S.F d’Elizabeth Moon
qui traite de l’autisme.

Comment? Me priver en ce début de mois
En toute innocence et sans punition
De passer sous la table et de donner les noms;
Aligner ma lunette et tirer quelques rois!

Je me dois d’être correct. Comment ça n’est pas l’heure?
Je me trompe de cible, vous parlez des rois mages
Zut! Je me faisais une joie de ne pas être sage:
Tant pis! Laissez ma part à la Reine de cœur.

 Je vais couper en quatre la rousse frangipane;

Alice mettez une couronne sur le chapelier fou
Et au Lièvre de Mars verser le bon thé doux

Je suis confus vraiment de passer pour un âne
Et d’une flèche centrée des rois voulu malheur:
N’abdiquant pas, ils sauteront à la chandeleur!

Dessin Elodie Belllule http://www.confidences-libellule.com/

Mes auberges sont châteaux
Mes colères sont tourments
Leurs ailes au firmament
Tournent comme couteaux

Hardi! Ma Rossinante
Holà! Fidèle Sancho
Il n’est point de héros
Sans demoiselle ardente

Il n’est point de combat
Sans risque de défaite
Et il n’est point de fêtes
Sans amère corrida

Utopiste vous dites
Et fou me croyez vous
Tous ces géants debout
Qui vous rendent bien tristes

Moi je les combattrai
Et la Manche enfin
De tous ces faux moulins
Sera débarrassée

L’on glose et l’on se moque
Sur ma vision brouillée
Mais toi ma Dulcinée
Ries-tu de mes breloques?

Je suis faramineux
Héroïque soldat
Et par trop amoureux:
Don Quichotte c'est moi!

Différence subtile dans le jeu et le tue
Esclave du silence dans cette égolatrie
J’abandonne j’abdique et ma bouche cousue
Emprisonne ma langue au vent des arguties.

Je n’ai pas de courage et je n’ai plus envie
De planter mon piolet dans ces parois trop lisses
Puisqu’il ne faut plus donc s’envoler d’homélie
J’ôte mon mousqueton et vers le fond je glisse.

Qu’y a t-il comme honneur à franchir les abysses
Se montrer au sommet pour planter son drapeau
Et prendre pour la photo un sourire de bon fils?

Je choisis de tenir à courte laisse mes mots
Et de les museler pour que point mal ne fissent
Et de n'être plus qu’un muet dans le troupeau.

Le vent portera le message
Son souffle emportera les orages
Dans le matin brumeux
Les ors du ciel bleu
Ont promis d'être sage

La pluie lavera les contours
De tes yeux ennoyés d'Anamour
Dans le soir inventaire
La Lune volontaire
se cachera du jour

La nuit chantera sur tes grèves
Les étoiles éclaireront tes lèvres
Sur la baie l'onde vient
Et va comme un refrain
Et ton cœur se soulève

Remets ton âme sur la touche
Automne vient caresser ta bouche
Jetée parure d'Hiver
Le printemps s'est fait vert
et l’Été prend ta couche.