• La Geste d'Orphée. (III. Le plaidoyer d'Orphée)

    III – Le plaidoyer d’Orphée

    Orphée:

    Hadés, me voici. vois! Je m’incline à tes pieds
    Sans malice et sans détours, cœur et âme liés;
    Je viens pour Eurydice et pour sa liberté

    Hadés:

    Mortel! Pour si peu tu oses me défier
    N’as-tu donc pas conscience de mon pouvoir ici?
    Je suis maître en ces lieux et mon hégémonie
    Ne saurait se complaire de ta pégomanie.
    Eurydice est à moi,

    Orphée:

    Elle est donc prisonnière?
    Par quel maléfice est-elle en tes enfers
    Victime d’un Dieu jaloux qui la veut pour lui-même?
    Dieu boiteux qui sépare les mortels qui s’aiment.
    Elle est à toi, dis-tu, comme une simple chose,
    Un trophée résultant de tes métempsycoses;
    Pour moi elle est Amour, tendresse, beauté, vertu
    Jamais contre son gré je l’aurais retenue,
    Mais le fait est qu’elle m’aime et je l’aime en retour;
    Et tu viens l’enlever pour la cacher du jour.
    Cent fois j’ai cru mourir pour la gloire de l’Olympe
    Pour un peu d’ambroisie, pour trouver une guimpe
    De peu mon agonie pût finir aux Cyclades
    J’ai trouvé le repos auprès d’une Dryade.
    Soudain tu sors du noir et par quelque artifice
    Ton âme de charbon s’empare d’Eurydice;
    Quel but est donc le tien? Ô triste Dieu du fond!
    Du monde, Dieu maudit et de basse extraction!
    Vous m’êtes redevables des gloires que j’eus pour vous:
    Comme paiement misère! J’ai droit à ton courroux
    Ai-je donc si mal agit pour mériter ton ire?
    Tu peux prendre Eurydice, mais ne peux la séduire.
    Rends-la moi et j’aurai pour toi bien des bontés
    Ton nom résonnera dans toutes les cités,
    J’aurai des chants joyeux à mettre au cœur des hommes
    A Athènes, à Ithaque partout où un Forum
    Ou bien un Colisée , un peuple assembleront
    Je me tiendrai debout et je crierai ton nom.
    Ô Dieu du soir intense, laisses partir Eurydice
    Et de cette injustice ne te rends plus complice
    Laisses-la s’en aller.

    Hadés:

    Et bien soit! J’y consent
    Mais un dernier conseil, mortel, sois prudent
    Car d’ici jusqu’au bout des vallées de l’Averne
    Ne lui donne un regard ne lui tend un falerne
    Dix pas derrière toi elle devra cheminer
    Sans jamais ton regard dans ses yeux aimanté.
    Si tu manques à ma loi j’ouvrirai un abysse
    Dans lequel tombera ton amour Eurydice
    Pars donc je la libère elle sera dans tes pas
    Si tu l’aimes, surtout ne te retournes pas!


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